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Le vélo-colis réinvente la livraison en ville

il y a 2 ans | Maxime Herion

Encore inconnu il y a quelques années, le vélo-cargo est devenu le véhicule idéal pour transporter ses enfants, ses commissions, ses bagages ou quelques marchandises. Depuis, le concept s’est affiné avec des engins désormais plus ciblés, dont ceux exclusivement destinés à acheminer des colis et faire des livraisons dans les centres urbains. Nous avons essayé de comprendre le boum des sociétés de coursiers qui les utilisent au quotidien.

Aujourd’hui, le vélo-cargo connaît un bel essor, il fait presque partie du paysage. Dans nos villes, il représente un moyen de transport écologique, économique et passe-partout. Des qualités qui, à terme, pourraient faire de l’ombre aux voitures compactes à usage exclusivement citadin… voire même aux utilitaires légers motorisés auxquels il peut avantageusement se substituer. Car dans sa configuration « colis », le vélo-cargo est une excellente alternative, en tout cas sur de courtes distances.

 

Des start-up à la force du jarret

« En 2008, nous avons créé Dioxyde de Gambettes, la première société de coursiers à vélo de Bruxelles, explique Gilles Jacquemin, cofondateur de cette coopérative à finalité sociale. A cette époque, tout restait à inventer, car le grand public ne connaissait absolument pas le vélo-cargo et n’avait pas vraiment confiance en ce nouveau moyen de transport qui démontrait que la bicyclette ne servait pas seulement aux déplacements des personnes. Le développement a pris du temps et je peux dire que ce n’est que depuis 2019 que nous assistons à une véritable augmentation de la demande ». A l’origine des sociétés de livraison à 2-roues (ou 3 !) non motorisés, il y a toujours le constat d’un problème important de mobilité : « Lorsque nous avons lancé Rayon9 en 2015, nous nous sommes basés sur le postulat que le centre de Liège était congestionné et qu’il y avait une pression de la logistique sur l’urbain, analyse Serge Mignonsin, gestionnaire opérationnel. C’est pour cela que nous avons décidé de tenter l’aventure. Comme souvent dans notre secteur, nous avons ajouté à notre démarche une dimension sociale, car nous avons constaté que dans notre région, le taux de chômage était important chez les jeunes peu qualifiés. Ces deux constats sont à l’origine de Rayon9 ».

 

Des vélos et des coursiers

Point commun des sociétés de livraison à vélo : elles disposent toutes d’un parc de bi- ou tricycles à pédalage assisté électriquement, capables d’embarquer une bonne centaine de kilos de fret, plus des remorques qui s’avèrent très pratiques pour les colis qui ne sont pas standards. Pour rouler avec ces « charrois » insolites, Dioxyde de Gambettes et Rayon9 emploient des salariés en CDI. Ce statut, la petite compagnie bruxelloise le brandit comme un acte militant : « Le principe même de la coopérative à vocation sociale est une réaction à l’attitude de plateformes comme Deliveroo pour qui seule la rentabilité compte » (quitte à exploiter le personnel, vous l’aurez compris). Autre aspect essentiel : la formation. Tout nouveau coursier reçoit chez Rayon9 un écolage avant de prendre la route : « Il débute en faisant ses tournées avec un référent qualifié pour apprendre comment rouler en sécurité et instaurer un bon relationnel avec les destinataires ».

 

Toutes sortes de clients

Les vélos-colis prestent pour une clientèle professionnelle aux horizons très différents : cela va de l’artisan aux grandes enseignes. Serge Mignonsin cite Proximus et Media Markt. Chez Dioxyde de Gambettes, on roule évidemment pour le privé (Krefel, par exemple), mais pour le public (l’administration bruxelloise). « Les entreprises n’hésitent plus à faire appel à nos services, car c’est un bon moyen diminuer leur impact climatique, constate Gilles Jacquemin. De plus, la politique régionale favorise la pratique des 2-roues dans la capitale. Actuellement, nous assurons en moyenne 150 livraisons par jour. » Et tout porte à croire que la croissance devrait aller crescendo. De même, chez Rayon9, les affaires se portent bien : « Nous totalisons près de 1.200 courses par mois, sans compter notre sous-traitance pour Pony (diverses prestations logistiques pour ce loueur de trottinettes électriques). Mais nous ne comptons pas nous arrêter en si bon chemin, puisque nous allons mettre tout en œuvre pour soulager au maximum les nombreux commerçants qui seront impactés par les travaux du futur tram liégeois. Cette volonté d’épauler la population s’inscrit dans nos gènes. Pour nous, c’est fondamental ».

Les derniers kilomètres

Les trajets des vélos-colis se caractérisent par leur faible rayon d’action : « Nous nous déplaçons sur Liège et sur quelques communes de l‘agglomération », précise Serge Mignonsin. Même son de cloche chez Dioxyde de Gambettes : « Nous desservons les 19 entités de Bruxelles-Capitale, ce qui constitue déjà un sacré challenge, puisque nous nous concentrons principalement sur les livraisons des derniers kilomètres, ceux qui sont généralement les plus pénibles quand on achemine la marchandise en camion ou en camionnette dans un environnement urbain. Par ailleurs, nous proposons un autre service, unique en son genre, en partenariat avec Cargo Velo qui est présent à Anvers et à Gand. Nous effectuons des courses entre ces trois villes à l’aide d’un véhicule électrique et de vélos cargos afin d’en limiter l’impact ». Enfin, il est important de souligner que, même si les aménagements pour faciliter la mobilité douce doivent encore évoluer (en mieux !), il semble bien que la cohabitation entre automobilistes et vélos de livraison s’améliore. « Notre but est d’apaiser la ville, de la rendre plus conviviale », conclut Serge Mignonsin.

 

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