E-market
Quand les voitures du futur regardent dans le rétro
C'est un fait pratiquement acquis : l'automobile de demain sera (uniquement ?) électrique. Et l’on trouve autant d’usagers enthousiasmés par cette perspective que de gens qui la voient avec une certaine appréhension. Car on ne peut le nier, la voiture électrique est encore associée à de nombreuses interrogations. Dans le public, les questions se bousculent. Combien ça coûte ? Aurais-je les moyens d'en acheter une quand mon véhicule classique, essence ou diesel, sera banni ? L’autonomie est-elle suffisante ? Peut-on recharger partout et à quel prix ? D'où proviennent les matières premières ? Est-ce vraiment aussi écologique qu'on le dit ? Et ainsi de suite.
Refuge mental
Ceci n'est pas un magazine de psychologie, mais il ne faut pas être médecin pour savoir que lorsque l'être humain considère l'avenir avec inquiétude, il se replie dans un refuge mental qui le rassure : la nostalgie. Oui, le « c'était mieux avant » est un état d'esprit typique des périodes d'incertitudes. Prenons pour contre-exemple les années 50, époque de prospérité sans précédent pour le monde occidental. L’audace du design automobile d’alors (et pas que) était le reflet d’un besoin intense de découverte. Pas question de se tourner vers le passé. Au contraire : regarder résolument vers des lendemains fait d'aéronautique, de conquête spatiale, de robots-serviteurs. En ces temps d’après-guerre, personne n'avait peur, tout le monde attendait la suite avec gourmandise. Aujourd'hui, l'humeur mondiale n'est franchement plus à l'optimisme. Et parmi les "angoisses" d'une partie de la population, il y a effectivement… la voiture électrique. Les constructeurs le savent, comme ils savent que la nostalgie a des vertus soulageantes. Voilà pourquoi de plus en plus de voitures électriques contrebalancent leur côté inquiétant par un style qui nous fait fondre. Et pour illustrer cette stratégie passéiste, les choix ne manquent pas.
Icônes… branchées
Prenons Fiat qui n'est certes pas parmi les premiers à prendre le train de l’électromobilité en marche. Mais quand la marque italienne s'y met, quel modèle choisit-elle d'électrifier ? Son indémodable 500, évidemment ! Avant de la lancer, le géant turinois avait dévoilé en 2019 un concept de citadine électrique, la Centoventi dont le design était déjà une évocation des années 70-80, entre Fiat Panda et Uno. Chez Honda, même tactique. Pour sa première voiture électrique de grande diffusion, le constructeur japonais a lui aussi cherché l'inspiration dans son histoire et l'a trouvée en "la personne" d’une citadine qui a contribué à faire connaître la marque. Il suffit de les mettre côte à côte : clairement, la Honda e est une réinterprétation - ô combien craquante, c'est indiscutable - de la citadine N600 des années 60-70. La Ford Motor Company est un peu moins premier degré, mais sa démarche est relativement similaire, puisque le premier modèle électrique frappé du petit ovale bleu prend la forme d'un SUV assez sportif qui se nomme… Mustang. Et, malgré qu’elle ne soit pas une copie quasi conforme de l’illustre ancêtre (comme le sont, par contre, les petites Fiat et Honda), la Mustang Mach-E reprend tout de même une partie des codes esthétiques de « l’autre » Mustang proposée dans la gamme 2022 : la GT V8-essence qui, elle, est véritablement une vision moderne de la version originelle dévoilée en 1964. Quant à Hyundai , si ses débuts dans l’électrification n’avait rien de néo-rétro, on peut dire que la dernière création coréenne à batteries caresse cette corde sensible : la Ioniq 5 affiche un look très nettement nostalgique, elle aussi ! Sans doute parce que l'un des plus importants centres de design de la marque est basé en Allemagne et qu'il est dirigé par des Européens. A en juger par les traits de la Ioniq 5, ces derniers étaient fans de voitures italiennes des années 70-80, certains observateurs reconnaissant en elle « quelque chose » de la Lancia Delta ou de la Fiat 127.
Revival, encore et encore
Voilà pour celles qui sont déjà sur le marché et il ne fait aucun doute que ces icônes branchées au propre comme au figuré ne tarderont pas à être rejointes par bien d'autres « héritières ». Ainsi, Renault, en exposant il y a quelques mois sa stratégie des années à venir, a confirmé l'arrivée prochaine d'une nouvelle berline compacte électrique qui devrait faire sensation. Devinez ? Rien de moins que l’interprétation 3.0 d'une star hyper populaire : la R5. Et ce n'est pas tout, puisqu'il est très probable qu’elle soit suivie par une nouvelle… 4L. Bientôt sur les routes également, prêt à combler une foule de passionnés, baroudeurs, campeurs, baba bool, flower power : le Volkswagen ID.Buzz, perçu comme la réincarnation électrique du légendaire Combi. Dans le même registre, l’entreprise de Wolfsburg avait envisagé un autre modèle électrique encore plus pop : le ID. Buggy, finalement abandonné. Vous voulez d’autres exemples en vrac, qui ne seront peut-être pas commercialisés, mais qui prouvent plus que jamais que la voiture électrique cherche à nous prendre par les sentiments ? Allez, il n’y a qu’à demander… La Microlino, copie de la BMW Isetta, micro-car emblématique des fifties. Ou encore deux concepts qu’a récemment présentés le géant chinois Great Wall sous la marque Ora : la Cat, rappelant étrangement la Coccinelle originelle, et la Futurist, au style très "BMW des seventies". Sans oublier la Mini Moke qui fera son grand retour sur les plages, elle aussi tout en silence…
Même plus peur !
Nous terminerons par une autre approche. Chez Opel, ce n'est pas un modèle néo-rétro actuel qui est chargé de rendre l'électricité plus acceptable. C'est carrément un modèle historique qui est appelé à la rescousse et converti à la batterie pour une opération de com' qui, personnellement, m’a conquis. Oui, franchement, la Manta ElektroMOD GSE donne envie de tout passer à la sauce rétrofit.
Ouf, maintenant, ça y est, nous n'avons plus peur des voitures électriques !