Réflexion
Les Carnets de Joris, suite : recharger ou échanger ?
Le "EV Battery Swapping", qui consiste à remplacer en 2 minutes à peine la batterie vide d'une voiture électrique par une pleine, est actuellement si populaire en Chine que les constructeurs occidentaux envisagent de s'y intéresser… à nouveau. Oui, à nouveau, car il y a une dizaine d'années déjà, Renault avait équipé sa Fluence Z.E. de batteries interchangeables et envisageait de mettre sur pied un réseau de stations d'échange en partenariat avec l'entreprise israélienne Better Place. Luca de Meo, le nouveau big boss de Renault, a demandé il y a peu à ses ingénieurs de se remettre à plancher sur les mérites d'un tel système. Rien n'est actuellement décidé, mais le patron y voit tout de même "des possibilités sur le plan industriel".
Comme dans un simple car-wash
En Chine, la start-up NIO, mais aussi BIAC et Geely (maison-mère de Volvo, Polestar et Link&Co), ont perfectionné le système avec des packs de batteries lithium-ion dernier cri. C’est ainsi que dans son pays, Geely dispose de son propre réseau de stations "Drive-In Battery Swapping". On y pénètre comme dans un simple car-wash. En moins d'une minute et de façon entièrement automatisée, les batteries vides sont retirées de sous la voiture et remplacées par des pleines. Pendant ce temps, le conducteur attend tranquillement au volant. Aucune main-d'œuvre n'est nécessaire, des caméras et des capteurs surveillent les opérations 24/24. Pour le moment, Geely ne propose le service qu'aux chauffeurs de CaoCao, son propre service de taxi. Il en coûte 55 yuan - soit 7 euros - pour une batterie full charge autorisant 400 km d'autonomie.
Une offre à la carte
NIO est allé encore un peu plus loin dans le développement de son réseau de "Swapping Stations" dédié à ses modèles circulant en Chine. Tous, en effet, ont été conçus avec des batteries interchangeables. Chez NIO, la voiture entre de façon autonome dans la station et là, de même, la procédure de moins de 2 minutes est entièrement automatisée. La différence est qu'ici le conducteur peut choisir son type de batterie : 70, 100 ou 150 kWh. Ces accus sont la propriété d'un joint-venture indépendant, Weineng Battery Asset Company, cofondé par NIO et CATL, le plus gros fabricant chinois de batteries. Ils proposent donc au client le BaaS (abréviation de Battery-as-a-Service). Cette offre à la carte permet d’opter pour une petite batterie de 70 kWh pour un usage quotidien et de passer à la grosse batterie ponctuellement, pour les vacances, par exemple.
De la suite dans les idées
En 2013, Tesla aussi avait expérimenté les batteries interchangeables pour sa Model S. Le changement ne prenait que 90 secondes. Mais le constructeur californien a finalement décidé en 2015 d'abandonner ce programme pour se concentrer sur son propre réseau de Superchargers. La raison ? Les clients étaient apparemment réticents à échanger une batterie qu'ils avaient payée contre une autre qu'un utilisateur tiers aurait peut-être déjà "usée". Pas de souci de ce genre chez NIO, puisque la batterie reste la propriété d'une entreprise indépendante. Bref, les Chinois ont de la suite dans les idées. Et ils arrivent.