Strategie
Poids lourds : Les véhicules à gaz sont déjà rentables.
Voilà pourquoi, depuis bien longtemps, la confédération helvétique a pris à bras-le-corps ce problème via le ferroutage et le respect strict de normes visant à limiter la pollution atmosphérique des véhicules.
Le témoignage de Thomas Rücker s’inscrit dans cette démarche. Le patron d’Iveco Suisse explique pourquoi les transporteurs s’ouvrent de plus en plus aux systèmes de propulsion alternatifs et présente les projets de sa marque dans cette nouvelle sphère de développement. Thomas Rücker démontre par ailleurs que l’utilisation de véhicules GNC et GNL est d’ores et déjà rentable, même sans mesures d’encouragement spécifiques.
Quels sont les projets d’Iveco en matière de durabilité et comment épaulez-vous vos clients pour tendre dès à présent vers le « zéro émission nette » ?
Nous faisons constamment évoluer la technologie de nos véhicules neufs pour atteindre les objectifs climatiques et protéger les ressources naturelles de la planète. À côté de ce processus continu pour les motorisations à carburant fossile, Iveco s’attache depuis très longtemps à proposer des solutions de transport fondées sur les énergies nouvelles. Dans cette optique, nous avons misé sur des véhicules électriques, hybrides, mais aussi à gaz. Nous voulons ainsi permettre à nos clients d’améliorer dès aujourd’hui leur empreinte CO2. C’est pourquoi nous nous sommes jusqu’à présent appuyés sur des systèmes qui peuvent être mis en œuvre rapidement et se révéler très vite avantageux. Les modèles équipés au gaz sont ceux qui ont le plus de succès sur le marché pour l’instant. Rien qu’avec l’approche « tank to wheel » (du réservoir à la roue), le recours à des sources d’énergie alternatives comme le biogaz a des effets de réduction très important, supérieurs à 80%. De plus, on peut mettre en place des systèmes d’économie circulaire pour qu’un fabricant de denrées alimentaires recycle ses déchets de production en biogaz, par exemple.
Constatez-vous une motivation accrue des transporteurs pour ces modes de propulsion alternative ?
Cela fait maintenant un à deux ans que nous sentons que nos clients y sont nettement plus attentifs, et ce, indépendamment du type de technologie, qu’il s’agisse des batteries, de la pile à combustible ou du gaz. L’enjeu ne se limite pas aux aspects écologiques compte tenu du bras de fer politique autour de la loi sur le CO2. Il porte aussi sur les avantages économiques qui en découlent.
Pour qui le passage d’un véhicule diesel classique à un modèle GNC* ou GNL* est-il vraiment rentable ?
Il est d’ores et déjà intéressant d’utiliser des camions fonctionnant au méthane, même sans aides ou subventions. Globalement, ces poids lourds sont un peu plus chers à l’achat. Ils le sont aussi à l’entretien, parce que celui-ci doit être assuré à intervalles plus courts. Mais les économies sur le carburant sont telles que ces surcoûts sont entièrement compensés après 400.000 kilomètres.
Un camion GNC ou GNL revient alors moins cher qu’un modèle équivalent à motorisation diesel ?
Tout à fait. Et si ces motorisations sans énergie fossile sont davantage encouragées à l’avenir, le gaz se retrouvera en pole position !
Les véhicules fonctionnant au méthane acceptent sans problème le biogaz, le gaz de synthèse et le GNC ?
Exact et c’est un atout supplémentaire.
Vous associez, même d’usine, des réservoirs pour GNC et GNL. Pourquoi ce genre de couplage ?
Les stations-service GNL ne sont actuellement pas très nombreuses en Suisse. La situation est meilleure dans d’autres pays, mais la densité du réseau reste globalement faible. Les clients qui optent pour une combinaison de réservoirs GNC/GNL cherchent à augmenter l’autonomie du camion en exploitant sa polyvalence, mais ils veulent également profiter d’un réseau d’approvisionnement plus dense grâce à l’association des deux formes d’énergie. Tout simplement !